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Mes orgues de Barbarie

Je vais présenter deux orgues :

- un orgue de barbarie à flûtes 27 notes

- un orgue à anches 29 notes

et un accessoire bien utile :

- une perforatrice pour cartons

 

Un orgue de barbarie à flûtes 27 notes


Pour se lancer dans l'arrangement et la notation, l'orgue de barbarie me semblait l'instrument idéal. De plus il était parfaitement possible de le construire soi même. Pour cela il existait des stages. J'ai suivi un tel stage en juillet 2003 organisé par les Joyeux Tourneurs de Manivelle.  

Mais construire son orgue c'est long ! Je le sais puisque je m'étais déjà lancé dans la construction d'un orgue portatif médiéval . En délai j'avais tout de même mis de longues années! Je décidai donc de commander un orgue 27 notes pneumatique "brut" au regretté Michel Fischer, facteur d'orgue qui animait ce stage.

A l'origine conçu par Jean-Paul Erman, qui a créé ce type d'orgue et la disposition du carton à 27 touches cette disposittion est devenue un standard dans le monde des tourneurs de manivelle. On trouve donc assez facilement des cartons, créés et perforés par les "noteurs". Il possède 23 flûtes au dessus et 4 basses cachées dans le soubassement. La manivelle sert à l'avancement du carton, mais aussi à actionner alternativement deux soufflets dans la caisse qui remplissent une réserve d'air. Au passage d'un trou du carton sur la "flûte de pan" de lecture, la soupape concernée va s'ouvrir et envoyer l'air dans la flûte associée.


    

     

 En fait il y avait encore un peu de travail à faire : Buffet, peinture, décorations, etc :

               

                 

J'ai ajouté ensuite des supports rabattables pour les cartons et une charrette pour pouvoir le déplacer. Et voici l'instrument en service :


                     



Voici deux extraits sonores :

Looney Tunes Cartoons  noté par Paul Boyadjoglou

L'âme des poètes  noté par Pierre Charial


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Un orgue à anches 29 notes


Lors d'une brocante, je trouvais un orgue à anches à un prix dérisoire et personne ne l'avait encore acheté ! Ce qui est plutôt exceptionnel...

En fait cet instrument ne payait pas de mine : un coffre en bois non peint, sale, avec une manivelle mais aucun carton pour essayer : Je pense que peu de personnes ont pu repérer qu'il s'agissait d'un orgue de barbarie !


              

Sur ces photos il a été nettoyé et j'ai commencé le démontage !

Après quelques essais, je constatais qu'il n'y avait que trois notes qui ne répondaient plus, ce qui devait être réparable assez facilement.

Cet instrument est au standard pneumatique 29 notes

Le 29 notes est une extension du 27 notes Erman ajoutant deux notes près des bords du carton (un LA pour les basses et un SOL# dans la première octave). Ces deux notes supplémentaires permettent d'enrichir la notation, mais à part de rares facteurs d'orgue, ce standard n' a pas eu beaucoup de succès et il est difficile de trouver des cartons pour 29. Néanmoins les deux standards sont compatibles et je peux donc sans problème lire les cartons au standard 27 notes Erman sur cet instrument !

La restauration :

Il a fallu, après un bon décrassage et un démontage de l'ensemble, réparer les 3 soupapes qui ne fonctionnaient plus.

Sur cet orgue la boîte à soupape supporte directement les anches.



Les trois soupapes avaient leur membrane déchirée.



Je les ai refaites avec de la baudruche (intestin de bœuf tanné) que l'on peut trouver dans les boyauderies.



A ce stade, l'orgue semblait fonctionner correctement et j'avais commencé à faire un premier essai de décoration.
Mais après quelque temps, je constatais quelques dysfonctionnements. L'orgue semblait rapidement essoufflé et il fallait tourner très vite pour maintenir la pression. En effet la réserve d'air ne tenait pas ce qui indique une fuite de vent dans le circuit. Après démontage de la boîte à soupape je constate :

- que le joint n'est pas en bon état (décollé sur les coins et replié sur lui même le long d'un bord)

              

- que cette boîte n'est retenue sur le sommier que par deux vis à bois situées plutôt vers le milieu de la boîte.



Je remédiais à ces possibles causes d'essouflement en recollant et aplatissant le joint, et en ajoutant deux autres vis à chaque extrémité de la boîte. Et effectivement cela a amélioré grandement l'alimentation en vent.

Ensuite en essayant divers cartons, je constatais encore deux problèmes :

-  certaines notes ne parlaient pas du tout. En fait ces notes ne parlaient pas sur les cartons où les noteurs insérent de tous petits ponts sur les notes longues. Ce phénomène ne se produisait pas  sur les cartons où les noteurs perforent de  longues lignes ininterrompues  pour ces notes longues.

-  d'autres notes avaient du mal avec les répétitions rapides (son perturbé ou continu).

Le seul réglage que l'on peut effectuer est celui de la vis de répétition située près de chaque soupape. J'effectue ce réglage au moyen d'un carton perforé pour contrôler les répétitions de chaque note et d'un outil constitué d'une tige en bois où est inséré un embout hexagonal permettant d'atteindre ces petites vis de réglage situées entre les tuyaux reliant les trous de la flûte de pan aux soupapes.


        


Après un long et fastidieux travail de réglage, j'obtiens un résultat correct mais nettement inférieur à ce que peut faire mon orgue à flûtes. Les anches semblent un peu lentes à réagir surtout dans les basses. Je ne sais pas si c'est normal !

L'accord n'est pas parfait mais je ne veux pas me risquer à démonter les anches pour les accorder : les languettes sont tournées vers l'intérieur de la boîte à soupape et il faudrait  donc retirer ces anches qui sont collées et étanchéifiées à la cire !

Lors des essais je constate que le levier de la manivelle est très long (beaucoup plus que dans mon orgue à flûte). Cela oblige à faire un grand cercle qui ralentit la cadence et le pompage, et fatigue le tourneur ! Je l'ai donc raccourci à 17 cm comme l'autre orgue et cela me va bien mieux !

Ensuite, j'ai ajouté deux porte-cartons :

      


Et pour finir j'ai terminé la décoration commencée depuis longtemps :




Il me restera à vous joindre un petit extrait musical !


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Une perforatice pour cartons

Il faut régulièrement reprendre l'accord et le réglage de répétition ! Pour ce faire il me fallait réaliser un carton "spécial répétitions". Et donc construire une perforatrice pour les cartons.Dans le stage des JTM's que j'avais effectué, on apprenait qu'une bonne vieille machine à coudre peut-être transformée en une superbe machine à perforer les cartons d'orgue !

Pour cela il faut récupérer dans une brocante ou dans le grenier de votre grand-mère une machine à coudre à pédale du siècle dernier.

 Pour transformer la machine en perfo ce n’est pas très compliqué. Voilà comment j’ai procédé :

-          Il est préférable de retirer tous les accessoires et mécanismes inutiles en ne conservant donc que le mécanisme volant - aiguille et pied-de-biche.

-          Le poinçon est réalisé au moyen d’une queue de foret  de 3,5 sacrifié après avoir percé la plaque d’acier servant de matrice. Il est affûté à la meule.

-          Il est fixé à la tige coulissante du support d’aiguille au moyen d’un manchon avec un trou de 3.5 d’un coté et de 7 mm de l’autre avec deux vis de serrage. Pour ne pas être gêné par la forme de la tige d’aiguille je l’ai retournée support d’aiguille vers le haut

-          La plaque d’acier percée est fixée sur un bloc de bois vissé par une seule vis sur la table de la machine. (afin de pouvoir facilement régler l’alignement matrice - poinçon).

-          Sur le socle on fixe deux tasseaux en long servant de rails au chariot transversal. Espacés de 131 mm ils guident le carton

    
               

-          Un anneau en corde à piano est fixé à la place du pied-de-biche. Cela permet d’empêcher le carton de se soulever après perçage. Le système permet de relever cet anneau pour dégager le carton.

-          Pour guider le chariot afin de percer exactement sur la bonne ligne de note, un guide constitué d’une barre de bois percée comme la flûte de pan est fixée sur le coté d’un rail. Un clou amovible traversant le chariot et pénétrant dans un de ces trous permet de le positionner sous le poinçon.

    

 J’ai utilisé la démarche suivante :

 -          notation du carton et arrangement au moyen du logiciel Harmony Assistant. J’ai utilisé la même méthode que celle décrite ici pour les cartes du petit componium. Mais c’est un peu plus facile : moins de notes manquantes, plus facile de transposer avec le logiciel, possibilité d’écouter avant de perforer !

-          impression du carton sur papier ordinaire

-          découpage de la longueur nécessaire pour le carton (en gros nombre de pages x 0.30 m plus 0.60 pour le début et la fin de carton).

-          pliage au cutter suivant l’excellente méthode de Pierre, et mise sous presse pendant environ une semaine entre deux planches sous une brique sur le bord de la fenêtre (l’humidité permet de remettre le carton à plat)

-          Agrafage des pages imprimées sur le carton (je procède par série de 4 pages : c’est plus facile à manipuler)

-          Perçage avec la perfo ligne après ligne (il faut remarquer que ce n’est pas le papier qui doit être précis mais le positionnement du chariot !), puis nettoyage du carton, enlever les agrafes et vérifier qu’il n’y a pas de bavures.

Reste le moment magique où l’on entend pour la première fois son carton ! C’est bien mérité car sans entraînement particulier ma vitesse est environ d’un mètre à l’heure . . .



Voici donc mon premier carton avec ma première notation : Pièce pour horloge à flûtes de J.Haydn (664 Ko)


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